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08.10.2007

EBOA LOTIN: UN POETE BANTOU 

Il naquit le 6 août 1942, à Bonamuti, Akwa, à Douala,au Cameroun. On lui doit deux volumes de plusieurs titres et des morceaux fétiches comme : “ Elimb’a Dikalo ”, “ Martine ”, ”Ngon’a Mulato ”, “ Bessombè ”, “ Vanité ”, “ Ne tirez pas sur la pianiste ”, “ Butu ” et bien d’autres. Il avait réussi, de 1961 à 1997, à s’imposer comme l’un des mélodistes les plus inventifs et un des paroliers les plus corrosifs. Il est mort le 7 octobre 1997, presque dans l’indifférence et l’anonymat, sauf pour quelques artistes comme Tom Yom’s, dont il fut le pygmalion et l’inspirateur, qui choisit de lui rendre hommage deux fois, de manière construite et spectaculaire. Malheureusement, comme tout artiste, il est devenu l’otage de sa famille, qui n’a jamais su comprendre que l’œuvre d’Eboa Lotin appartient à l’humanité des hommes, dès lors qu’il est destiné au public.

C’est vrai, la nation ne lui a pas rendu hommage même dix ans après sa mort. Alors, il faut bien continuer ce qui, de manière sporadique et discrète, fait le lien, la jonction, entre le poids des souvenirs individuels et la conscience de la mémoire collective. Certes, la mémoire collective est construite, organisée, forte de symboles dûment identifiés et reconnaissables par tous. Dix ans après sa mort, interrogeait Le Messager du vendredi 5 octobre 2007, que reste-t-il de l’héritage d’Eboa Lotin ? Parler d’héritage… Est-ce même la problématique exacte ? La question ne serait-elle pas plutôt : comment construit-on la mémoire collective en définissant un référentiel commun à tous les Camerounais et comment, dès lors, le nourrit-on et avec quoi ? De quels moyens se dote l’Etat camerounais pour faire du Cameroun une nation ? Tout le problème de la commémoration des “dix ans après” de la mort d’Eboa Lotin s’inscrit dans ces questions. Mais, bien évidemment, il n’est pas le seul.

En ce mois d’octobre, il faut cependant se souvenir et se rappeler. C’était un 6 octobre de 1997. Le soleil avait du mal à briller. Comme si les mengus, prévenues qu’un fils du pays agonisant n’avait plus envie de jeter de la lumière sur les berges du Wouri. La nouvelle tomba comme une cascade de catastrophes. Sans les mots qu’il fallait pour calmer les douleurs. Et comme toujours, les cérémonies et autres rituels ont fait oublier l’importance de la perte. La vie a repris son cours en écoutant “ Mbemba mota sawa ”, à la radio… La famille cramponnée à ses positions, n’a jamais su mesurer quel grand poète perdaient le Cameroun et l’Afrique, préférant se cramponner aux droits dérisoires d’un auteur célèbre mais si méconnu. Elle s’est cramponnée de manière mesquine aux droits et n’a pas su rendre hommage, dix ans après, à ce poète bantou. L’homme qui savait manier la langue duala, en lui faisant faire des galipettes et tours de rire comme jamais, aimait les allitérations, les métaphores et les apories. C’était un esprit. L’homme qui pouvait accorder la note juste en faisant tomber le ton juste à l’antépénultième syllabe. Lui qui avait compris, comme certains compositeurs d’Afrique du Sud, que les langues à ton étaient une richesse pour la musique. Il avait su jouer avec les mots, les rimes et les sons, en donnant l’impression que même en chantant en duala, une des langues du Cameroun. Il chantait une langue universelle, celle de la musique des cœurs et de l’humanité des hommes.

Cet homme-là, ce mélodiste hors pair a fini par s’éteindre un jour d’octobre, il y a dix ans déjà, sans crier gare, se plaignant à peine de sa maladie. C’est à lui que nous dédions ces Regards Hebdomadaires, pour rappeler avec Cheikh Aliou Ndaw, le romancier sénégalais, que “ la mémoire va chercher du bois mort, elle ne ramène que les fagots qui lui plaisent ”. Bien obligée d’être sélective et tranchée. Lui il quitta la vie sans prévenir, alors qu’il n’avait que 55 ans. Un demi-siècle et plus où toutes les promesses de l’âge adulte sont possibles. Un demi-siècle où on peut enfin passer à l’essentiel de sa vie et construire à partir des balbutiements et des brouillons du passé. Il est seulement et simplement mort, le poète. Et il faut se rappeler qui il était. Doit-on raconter le personnage ou travailler sur son œuvre ? Les deux sont utiles. Pourtant, ce qui est sûr, c’est qu’il leur faut un panthéon. A lui, à Francis Bebey, à Kotto Bass, à Medjo Messom, à Zanzibar, à Pierre Tchana et bien d’autres. Il faut que la société camerounaise s’interroge sur la manière dont elle fabrique les sédiments de sa nation. Le veut-elle seulement ? Le peut-elle vraiment ?

Comme à l’accoutumée entre discrétion et moquerie, Eboa Lotin est parti sans prévenir et a quitté la ville sur la pointe des pieds. Il avait une soif de vivre qui ne pouvait pas être satisfaite par ces vies et demie sous les tropiques. Là où le sous-développement empêche l’art de s’épanouir et de se mouvoir comme il lui sied. Il avait accumulé dans son expérience autodidacte, les doutes, les rêves et les ambitions de tous ceux et celles qui savent que pour y arriver, il faut y croire et avoir de la persévérance. Eboa Lotin lorsqu’il se propulse sur la scène musicale camerounaise (c’est en 1961, qu’il enregistre chez Philips, son fameux “ Bessombè ”) et africaine a une conviction et des ambitions : rendre la langue duala plus belle qu’elle ne l’a jamais été, malaxer la rumba à la mérengué et inventer un son nouveau sur lequel on peut coucher la science du “ngosso” et les “vibratos” de l’“esewè”. Il va prendre parti pour un renouveau culturel qui va lui inspirer une intuition : pourquoi ne pas reprendre “ Just one night to love you ” avec les mots et la fougue de sa langue et de sa culture ? Au lieu de faire le seul “ngosso”, en suivant le gospel, il accélère le rythme, met la guitare d’accompagnement à la disposition de la voix, et laisse le clavier dans sa plus simple expression. Ainsi, il donne du corps au chant, on entend les textes, même si on n’en comprend pas la langue et on se met à chantonner “ Martine ” ou “ Vanité ” dans tout le continent et tout le pays. Eboa Lotin est devenu un mythe et sa légende est accompagnée par ses nombreuses chansons dont on peut citer ici quelques titres : “ Besommé, Martin, Ngn’a Mulaton, Thomas Nkono, Bulu, Ne tirez pas sur le pianiste, Elumb’a Dikalo etc… Chacun de ces titres était un message : il fustigeait la dégradation des mœurs, la déliquescence des valeurs, chantait la régénérescence des êtres et de sa dignité et, misogyne, ne manquait pas d’insulter les femmes qu’il aimait pourtant de les avoir trop aimées ! Mais plus que la morale, il a tenté un style, un genre musical dont on ne parle pas assez : somptueux mélodiste, il a su faire ses harmonies en doublant sa voix, lui-même à la tierce, pour instiller dans l’atmosphère d’une chanson toute la mélancolie et la nostalgie d’un amour éconduit, comme dans Ngon’a mulato ou Martine, la satire et les footballeurs avaient du génie “ Thomas Nkono ”.

Il va de son vivant écrire des pages fabuleuses sur le quotidien du Cameroun. Il va stigmatiser à la fois la désertion du peuple sawa face à ses obligations (mais, en réalité, il s’agit là de tout le Cameroun) tandis qu’il dédiera un hymne à l’équipe “ Caïman ”, aujourd’hui au-devant de la scène et développera, en une chanson intime et nostalgique, l’amour immédiat et pressé, désespéré et incessant, qui ne mérite pas la vie pour se raconter et en raconter l’histoire. Tout cela, il fera avec un humour et une ironie rares, maîtrisant la langue duala et le français dont il fera tourbillonner les mots et la syntaxe dans une grammaire propre à lui. Il joue avec les mots, il triture les sons des mots et il introduit dans la musique la cadence du langage des langues bantous qui swinguent à tout moment, pourvu qu’on leur donne le ton. Ses textes étaient des bréviaires dont on peut se servir aujourd’hui, pour lire l’histoire du temps, comprendre les mœurs d’une société à l’affût de modèles et perdue dans certaines représentations. Tout cela, c’était Eboa Lotin, le poète Bantou, mort il y a dix ans.

Suzanne Kala-Lobé
 

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