Downloads   Galeries   Forums   Audios   Vidéos   Liens   Livre d´or   Partenaires   Contact   
  Accueil
  Actualité
  Régions/Peuples
  Historique
  Sawanité
  Le Ngondo
  Tourisme
  Littérature
  VIP
  F.A.Q
  Agendas
  Evénements
  Annonces
  Projets
  Communauté



      


26.10.2006

NJO LEA : LE REVE BRISE 

Il était une fois, Eugène Njo Léa, un homme qui, rêvant d’une nouvelle vie au terme d’une carrière professionnelle étincelante, ayant imaginé et entrepris une œuvre de rupture fondatrice de notre football, pour en faire une soupape sociale et une activité à haute intensité de main-d’œuvre génératrice de revenus, s’engagea ingénument dans un dédale de traquenards, de combines et de quolibets dont il ne put, ensuite, s’extraire. Voulant introduire la transparence là où la corruption, massive et systématique, se pratiquait à ciel ouvert, il enragea de voir, soudain, tous les indicateurs au rouge. On ne lui a pas volé sa retraite ; on lui a assassiné son rêve.

Issu, en 1929, de l’Ecole supérieure de Yaoundé qui formait, en ce temps, l’élite locale auxiliarisée par l’administration coloniale, son père reçut pour premier poste d’affectation Batouri. C’est là, dans cette ville construite par les Allemands et qui faisait encore figure de capitale régionale pour l’Est Cameroun, que naquit, deux années plus tard, l’aîné de ses garçons. Celui-ci entreprendra ses études primaires dans sa ville natale, puis, Garoua où une nouvelle affectation conduira son père. Revenu à Douala, suite au décès prématuré de ce dernier, Eugène Njo Léa obtient le Certificat d’études primaires élémentaires à l’Ecole régionale d’Akwa, y fait le cours de sélection (classe de sixième) et, ensuite, fait partie de la première promotion du collège de Nkongsamba où explosent ses talents de footballeur. Déjà, il enthousiasme le stade d’Akwa. Epoustouflant avant-centre de l’équipe du Vent des Sports encore appelée Vent Lalanne, du nom du Français, grand amateur et grand mécène du football résidant Douala, il opère aux côtés de Likabo Louis Pergaud, collégien, comme lui, à Nkongsamba - un merveilleux dribbleur pour lequel le football n’est qu’un jeu et qui, plus tard, s’attirera les foudres de son entraîneur à Limoges qui a une conception radicalement différente - et d’un certain Edimo Nganga, un ailier racé, puissant et déterminé qui fera, peu après, les beaux jours de Sochaux, en division d’élite du championnat de France. Admis au brevet élémentaire en 1951, Eugène Njo Léa part pour la France, titulaire d’une bourse d’étude. Elève au lycée Claude Fauriel à Saint - Etienne, il est, tout d’abord, boudé par le club de la ville. Roche-La-Molière, petite bourgade du voisinage, lui offre l’occasion d’exprimer son talent et c’est la sensation. La marche vers l’apothéose commence, lui ouvrant toutes grandes les portes de l’Association sportive de Saint-Etienne (Asse). Les Verts ne lui permettent pas seulement de troquer son statut d’amateur marron - c’est-à-dire rétribué, mais ne tirant pas l’essentiel de ses revenus de son activité de footballeur - contre celui de joueur professionnel, ils lui déroulent le tapis rouge de la renommée.

Constituant, avec le Hollandais Kees Rijvers et l’Algérien Rachid Mékloufi le trio magique de l’attaque stéphanoise du milieu des années 50 qui affolait les défenses les plus rôdées et même les plus rugueuses, Eugène Njo Léa, véritable feu-follet, était un avant-centre prompt comme l’éclair, incisif, percutant, infatigable, susceptible, à tout moment, de perforer les rideaux défensifs les plus hermétiques. Champion de France en 1957 avec L’AS Saint-Étienne qui accédait, pour la première fois, à cette haute performance, Eugène Njo Léa sera, également, en septembre de la même année, à la pointe de l’attaque des Verts lors de la première confrontation, en coupe des clubs champions, avec les fameux Glasgows Rangers. En cinq saisons, il portera 135 fois la tunique verte du club stéphanois, inscrivant 70 buts à son compteur personnel, après avoir été le second meilleur buteur de la saison 1956/1957, derrière l’excellent Just Fontaine. Pareil palmarès ne pouvait que lui servir de sésame pour les clubs les plus huppés, tandis que son éclosion attise toutes les convoitises. Las de faire la navette entre Saint-Étienne et Lyon durant son cycle de licence, il quitta les Verts pour l’Olympique Lyonnais (OL) et, plus tard, dans la perspective de sa formation de troisième cycle et à l’Institut des hautes études d’Outre-Mer, l’OL pour le prestigieux maillot blanc rayé de bleu de Racing club de Paris (actuel Paris Saint-Germain). Il participe aux fameux tournois de Paris où le très fameux Santos FC de Pelé se produit, tous les ans, en exhibition face aux meilleures formations européennes ; donnant la réplique aux meilleurs joueurs du moment : Pelé, Di Stéphano, Gento, Continho, Pépé …. Mais, déjà, le destin le sollicitait ailleurs.

La parenthèse diplomatique sera de courte durée. Diplômé de l’Iheom, Eugène Njo Léa compte, notamment, parmi ses promotionnaires, le président Paul Biya, l’ex-président Abdou Diouf, Diallo Telli, le premier secrétaire général de l’OUA. D’abord stagiaire à la représentation diplomatique du Cameroun auprès de l’Organisation des Nations unies, il est, auréolé de sa réputation d’artiste du ballon rond, tour à tour, chargé de la création de l’ambassade du Cameroun à Londres (dont le premier titulaire fut l’ambassadeur Epié), puis à Madrid (dont le premier titulaire fut l’ambassadeur Magloire Nguiamba). Exilé par Sekou Touré aux fonctions internationales afin de lui permettre d’avoir les coudées franches à l’intérieur, Diallo Telli, son ami, le sollicite pour l’aider à la mise en place des structures de l’Oua. Tous deux s’épuisent, en vain, à une entreprise qui relevait, en réalité, des travaux d’Hercule. Diallo Telli s’en retourna en Guinée briser son rêve sur les récifs de l’Afrique qui, vaille que vaille, veut se persuader que tout va bien. Eugène Njo Léa ne savait pas qu’un destin analogue l’attendait. Le premier expira dans les affres des geôles de Sékou Touré ; le second dans ceux du dénuement et de l’indifférence.

Le rêve brisé d’Eugène Njo Léa, qui fut, grâce au football, un étudiant opulent, roulant en voiture décapotable, vivant en somptueux appartement, fut de permettre à d’autres de vivre ce qu’il a vécu et même davantage encore ! Pour cela, assurer la promotion du football comme secteur de développement. Permettre la réalisation des potentialités africaines, en général, camerounaises, en particulier, dans ce domaine par l’avènement du professionnalisme. Artisan, avec Just Fontaine et Me Jacques Bertrand, de l’Union nationale des footballeurs professionnels, le syndicat des footballeurs français, Eugène Njo Léa affichait son ambition dès le 16 novembre 1961, lors de la création de la première organisation professionnelle chargée de la défense des intérêts matériels des footballeurs professionnels français : ’’Pour nous autres, Africains, martelait-il, le football n’est pas un objet de contemplation, mais un instrument de combat contre le sous-développement et pour l’affirmation de notre personnalité.’’ C’est dans cette logique qu’arrivant en 1987 à Yaoundé, avec une armada de 40 journalistes, de représentants d’équipes, partenaires techniques (Lens, Nancy, Laval, Reims), de représentants de la Société de banque suisse, partenaire financier, de sponsors et des équipementiers, il ne sollicitait, pour la mise en œuvre de son projet de football semi-professionnel, que la caution des autorités camerounaises et l’aval de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). Le projet consistait en la mise à la disposition du Cameroun de moyens financements devant permettre la création d’infrastructures viables, la formation et le recyclage des formateurs, la formation des footballeurs, depuis le stade des poussins jusqu’à celui des seniors. Etait également compris, un volet de construction par l’autorité publique, via ses démembrements communaux, des infrastructures adéquates appelées, après amortissement, à devenir la propriété des clubs. Le tout conduisant à l’organisation d’un championnat compétitif, mais assorti de conditions de transparence, notamment de l’obligation d’une gestion financière saine avec des contrôles efficaces aussi bien au niveau de la Ligue que des clubs engagés dans le processus de football semi-professionnel, de celle aussi d’un contrôle efficace de la billetterie, depuis l’émission jusqu’à la vente en passant par la distribution. Le projet bousculant les arcanes mentaux généralement admis, visant à mettre un terme à l’hémorragie organisée du football camerounais a été vite ravalé au statut d’épiphénomène. Il capota malgré sa pertinence et les appuis politiques, diplomatiques, économiques et financiers de haut niveau qui le portaient. Comment, dès lors, s’étonner de l’absence de formatage du football au pays de Roger Milla ? Comment s’étonner des infrastructures dérisoires au pays de Samuel Eto’o ? Comment s’étonner de l’indigence du championnat national dont on ignore jusqu’au moral des principaux acteurs ? Comment une réforme limpide peut-elle se perdre ainsi dans la cacophonie ? Si le rêve brisé de Njo Léa hante encore dans ce pays des femmes et des hommes de bonne volonté, c’est aussi avec l’amertume de savoir que quelque part, nonobstant les injonctions que l’on sait, on s’est entêté, avec les dégâts que l’on voit, à refuser à César ce qui appartenait à César.

Sam Ekoka Ewande
Publié le 31-10-2006
 

Source: La Nouvelle Expression | Hits: 28686 | Envoyer à des amis  ! | Imprimer ! | Réagir(0)

PLUS DE NOUVELLES


  LE NGONDO : UN HERITAGE CULTUREL ET TRADITIONNEL
( | 07.12.2006 | 32290 hits  | 0 R)

  Le trésor que l’Allemagne doit au Cameroun
( | 07.12.2006 | 29053 hits  | 0 R)

  le rideau est tombé sur les cérémonies du Ngondo 2006
( | 06.12.2006 | 26694 hits  | 0 R)

  Le message du NGONDO 2006 - L’UNITE ENTRE TOUS LES CHEFS
( | 04.12.2006 | 26148 hits  | 0 R)

  Ngondo : Le vase sacré attend recevoir le message ancestral
( | 30.11.2006 | 26083 hits  | 0 R)

  Ngondo 2006 Kicks Off by. Joe Dinga Pefok, PostNewsLine
( | 29.11.2006 | 28937 hits  | 0 R)

  Interview du Chef Supérieur Deido Essaka Ekwalla Essaka
( | 18.11.2006 | 25240 hits  | 0 R)

  Origine du Ngondo
( | 15.11.2006 | 28255 hits  | 0 R)

  Ngondo: Espoir d´une jeunesse déracinée.
( | 15.11.2006 | 25850 hits  | 0 R)

  Ngondo 2006: Le Programme officiel
( | 15.11.2006 | 24767 hits  | 0 R)

  LA VEILLEE DU NGONDO
( | 14.11.2006 | 30712 hits  | 0 R)

  LE NGONDO.....par Maître DOUALA MOUTOME
( | 14.11.2006 | 27959 hits  | 0 R)

  La célébration du Ngondo
( | 14.11.2006 | 25597 hits  | 0 R)

  LE NGONDO - Le Paradis Tabou - Autopsie d´une culture assassinée - Ebele Wei ( Valère EPEE)
( | 12.11.2006 | 34940 hits  | 3 R)

  Temoignage: Ces pionniers qui s’en vont
( | 11.11.2006 | 31967 hits  | 0 R)

  LE BOURBIER IVOIRIEN (par Sam Ekoka Ewande)
( | 08.11.2006 | 23619 hits  | 0 R)

  Initiatives : le pied du Dr Paul Ngallè Menessier à l’étrier
( | 30.10.2006 | 35756 hits  | 2 R)

  ACTION de GRACE du Dr. MENESSIER
( | 30.10.2006 | 32316 hits  | 1 R)

  SAMUEL EBANDA II - Le muezzin de la culture camerounaise gravement malade
( | 29.10.2006 | 35827 hits  | 0 R)

  Eugène Njo-Léa : Au bout d’une triste prolongation…
( | 25.10.2006 | 38798 hits  | 4 R)

  LE “KABA NGONDO” - exposition "Lambo la tiki" Douala
( | 24.10.2006 | 41269 hits  | 0 R)

  PEUPLE SAWA: avant de passer à l´action - TROISIEME FEUILLE DE ROUTE
( | 22.10.2006 | 41765 hits  | 2 R)

  Aftermath of the Trial
( | 22.10.2006 | 29956 hits  | 0 R)

  Epilogue
( | 22.10.2006 | 27912 hits  | 0 R)

  Mpondo´s Reply
( | 19.10.2006 | 36835 hits  | 0 R)

  The Charges
( | 19.10.2006 | 34860 hits  | 0 R)

  Dr. Levi´s Defense
( | 19.10.2006 | 34135 hits  | 0 R)

  The Story of Mpondo Akwa (1905): Overview of the Legal Context
( | 16.10.2006 | 49955 hits  | 2 R)

  The Story of Mpondo Akwa (1905): Background to the Trial
( | 16.10.2006 | 42916 hits  | 0 R)

  The Story of Mpondo Akwa (1905): Dr. Moses Levi of Altona defending Prince Mpondo from Kamerun
( | 12.10.2006 | 46086 hits  | 1 R)

  Moukouri Manga Bell : L’opposant à la retraite
( | 12.10.2006 | 26802 hits  | 0 R)

  Adolf Lotin Same, fondateur de la 1ère Eglise Africaine au Cameroun
( | 07.10.2006 | 54643 hits  | 1 R)

  Le Pasteur LOTIN SAME
( | 06.10.2006 | 48780 hits  | 2 R)

  Rires et larmes pour Eboa Lotin
( | 06.10.2006 | 37483 hits  | 0 R)

  Eboa Lotin comme vous ne l’avez pas connu : Protais Ayangma : l’écorché vif que j’aimais
( | 06.10.2006 | 37038 hits  | 0 R)

  Hommage à un poète bantou: Eboa Lotin chroniqueur du quotidien
( | 06.10.2006 | 36397 hits  | 0 R)

  Hommage à EBOA LOTIN, poète, artiste et journaliste
( | 06.10.2006 | 35585 hits  | 0 R)

  Hommage appuyé à Eboa Lotin
( | 06.10.2006 | 35111 hits  | 0 R)

  Réaction sur l´article "Le Pasteur Lotin Same"
( | 06.10.2006 | 35102 hits  | 0 R)

  Eboa Lotin, neuf ans déjà
( | 06.10.2006 | 34857 hits  | 0 R)

  La classe de l’oncle Tom
( | 06.10.2006 | 34544 hits  | 0 R)

  L´Intérieur de la nuit - Léonora Miano
( | 06.10.2006 | 23862 hits  | 0 R)

  Suzanne Kala Lobé : Il tournait ses souffrances en dérisions
( | 06.10.2006 | 37017 hits  | 0 R)

  Rires et larmes pour un poète bantou : Trente jours pour rendre hommage à Eboa Lotin
( | 06.10.2006 | 43946 hits  | 2 R)

  ENCORE ET TOUJOURS LE HAPPENING; par Sam Ekoka Ewande
( | 04.10.2006 | 28581 hits  | 0 R)

  COMMUNAUTE URBAINE DE DOUALA
( | 04.10.2006 | 28171 hits  | 0 R)

  Christine Njeuma: Cameroon´s Pioneer Female Pilot
( | 28.09.2006 | 36629 hits  | 0 R)

  Sarah Etonge, one of the greatest Sawa woman athletes
( | 28.09.2006 | 31656 hits  | 0 R)

  Bana Ba Nyué de Adrien Eyango
( | 28.09.2006 | 21342 hits  | 0 R)

  L’Ecole Maternelle est le Cimetière de nos Cultures et Langues
( | 27.09.2006 | 25479 hits  | 0 R)



   0 |  1 |  2 |  3 |  4 |  5 |  6 |  7 |  8 |  9 |  10 |  11 |  12 |  13 |  14 |  15 |      ... >|



Jumeaux Masao "Ngondo"

Remember Moamar Kadhafi

LIVING CHAINS OF COLONISATION






© Peuplesawa.com 2007 | WEB Technology : BN-iCOM by Biangue Networks